DOSSIER

Les témoignages des attentats


En janvier et en novembre 2015, la France a été touchée par une série d'attaques terroristes meurtrières qui a entraîné de fortes mobilisations citoyennes et le dépôt, devant des lieux symboliques, de témoignages que certains services d'Archives ont collectés.

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La diffusion et la valorisation des fonds

Un geste citoyen

Une fois numérisés et décrits dans des notices documentaires détaillées, les témoignages ont pu être communiqués au public via la base de données des Archives consultable en ligne.

Dernière mission des Archives, la communication consiste à mettre les documents à disposition du public et des administrations en fonction de leur état matériel et communicabilité. Dans la salle de lecture, sur Internet, elle passe aussi par des actions de médiation et valorisation.

Les témoignages sur la façade de la mairie. Photo Stéphanie Renard, ville de Toulouse, Archives municipales, 4Num3.Les sources de l'histoire

Ces collectes et sauvegardes particulières ont été menées dans le but de communiquer ces témoignages des attentats qui constituent les sources de l'histoire de ces mouvements exceptionnels de solidarité.

Au lendemain du 11 janvier 2015 et de ses marches républicaines organisées un peu partout en France, les historiens Jean-Noël Jeanneney, Pascal Ory et Michel Winock s'accordaient pour qualifier cette date d'historique, Pierre Nora parlant de son côté d'événement monstre. Déposés par la population à l'issue ou en marge de ces rassemblements, ces témoignages permettront aux chercheurs de demain d'en reconstituer le récit historique et au public d'en garder la mémoire.

Une portée internationale

Une copie numérique des messages collectés en janvier a d'ailleurs été transmise à l'université américaine d'Harvard qui est en train de constituer un fonds international d'Archives Charlie pour documenter « ce moment particulier du début du 21e siècle, où le mot Charlie prit soudain un sens tragique, et devint lourd d'émotions ambivalentes, d'opinions et d'intentions ouvertes ou cachées ».

Objets d'études pour les chercheurs, ces fonds pourront également être valorisés lors d'expositions physiques ou virtuelles et faire l'objet de publications. Des actions pédagogiques (ateliers, cours, conférences, etc.) pourront aussi être menées.
 

La façade virtuelle du Capitole

Visualisation des témoignages du fonds "Je suis Charlie" dans la base de données des Archives.Comme l'explique Catherine Bernard, directrice adjointe des Archives de Toulouse, en collectant ces témoignages, il s'agissait de s'inscrire dans la continuité de ce geste citoyen, de relayer cet hommage collectif de la population aux victimes des attentats. En ce sens, le site Internet des Archives — sur lequel les fonds peuvent être librement consultés — est un peu comme la façade virtuelle du Capitole sur laquelle ces témoignages continuent d'être exposés.
 

Une gestion des droits complexe


Ces documents émanant de producteurs privés multiples, leur diffusion n'a pas manqué de susciter des questions en terme de droit d'auteur. Collectées selon un critère d'originalité, portant ainsi la marque de la personnalité de leurs auteurs, ces œuvres de l'esprit sont protégées. Certaines, réalisées à partir de photographies de presse, de dessins de caricaturistes... sont des œuvres composites relevant d'une pluralité d'auteurs.Un des témoignages composant le fonds "Je suis Charlie". Ville de Toulouse, Archives municipales, 76Fi340.

Dès lors, comment solliciter l'accord de ces derniers quand la plupart sont anonymes ? Considérant que tous ces documents ont été produits et déposés devant la Mairie pour témoigner et être lus/vus de tous, il a été décidé de les communiquer pour prolonger cette volonté de visibilité.

A l'inverse, afin de protéger la vie privée, n'apparaissent à l'image, dans les analyses et n'ont été indexés, que les noms complets des auteurs et personnalités publics. Les informations personnelles (patronyme, adresse, téléphone) des producteurs « privés » ont ainsi été volontairement occultées.
Toutefois, sur demande justifiée et conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, la paternité d'une œuvre pourra être ajoutée ou un document retiré.