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LES FONDS DOCUMENTAIRES


Se repérer dans les fonds d'archives, savoir comment chercher dans la base de données et trouver les notices documentaires décrivant les documents dont on a besoin.

Dans les bas-fonds


Variations autour des procédures criminelles des capitouls de 1670 à 1790

Destinés à tous, étudiants, chercheurs, curieux, actifs, inactifs, passifs ou agités, les dossiers des Bas-Fonds sont à télécharger, à lire et à relire sans modération.
Chaque dossier est composé d'un article sur la thématique choisie, suivi du fac-similé intégral d'une procédure criminelle qui l'illustre.

Un nouveau numéro verra le jour avec l'automne. Il nous plongera dans les vols de bétail sous l'Ancien Régime. On pourra y découvrir les modes opératoires des voleurs, les routes et chemins de traverse pour acheminer les bêtes en toute discrétion jusqu'aux revendeurs. Et d'un autre côté on verra que les propriétaires des veaux, vaches ou cochons savent réagir devant l'adversité, et on admirera les stratégies qu'ils mettent en place afin de retrouver leurs animaux avant qu'il ne soit trop tard.

Pis que pendre


n° 43 - mai 2022

« Tu sera pendu » – « Je veux être ton bourreau, tu ne mourras que de ma main » – « Visage de galérien » – « Elle a été fouettée et bannie par le bourreau de Limoges »


Sous l'Ancien Régime, la liste des insultes et des menaces destinées à mortifier son adversaire est bien souvent à l’image des termes et des peines décernées par la justice. Et lorsque le public s’en empare, en use et abuse, cela donne lieu à de terribles joutes verbales (et plus si affinités) suivies de savoureux procès en diffamation.
Mais il arrive aussi quelquefois que la pique fasse mouche, que celle ou celui visé ait effectivement été puni par la justice ou qu’il ait eu un parent pendu puis exposé aux fourches patibulaires. Ces derniers cas nous permettent alors d’entrapercevoir une mémoire toujours vive, prête à ressurgir et resservir pour blesser et humilier – quelquefois même plusieurs décennies plus tard.

téléchargez ici le dossier consacré aux menaces liées à de réels châtiments de justice

L'arme du crime, acte cinq - le fer et le feu


n° 42 - juin 2019

Lotte remettant le pistolet à Werther, dessin à l'encre de Daniel-Nikolaus Chodowiecki, 1777, illustration de l'ouvrage de Goethe, "Les souffrances du jeune Werther" Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-T-1927-65Pour clore cette série sur l'arme du crime, il fallait bien laisser la part belle aux armes de mort et de désolation que sont l'épée et le sabre, le fusil et le pistolet.

Mais voilà, nous avons tenu à les présenter sous un angle bien différent de celui attendu.
Nous verrons en effet que l'épée toulousaine n'était guère solide et qu'elle se brisait souvent sur l'échine d'un adversaire que l'on rossait avec le plat de l'arme.
Quant au pistolet, ce n'est plus reluisant : il faisait faux-feu une fois sur deux et, quand il n'était pas sujet à des ratées, les plombs ou balles se perdaient plus souvent dans le ciel toulousain que dans les chairs de celui ou celle que l'on avait l'intention d'occire.

Pour ne pas trop décevoir certains, une annexe liste tout de même une sélection de cas où ces armes ont brillamment fait leur office, sans laisser la moindre chance à leurs victimes.

téléchargez ici le dossier consacré à l'épée et au pistolet

L'arme du crime, acte quatre - l'art de sabler


n° 41 - mai 2019

Qu'une anguille et une poignée de sable fassent bon ménage ensemble ne choque personne.
En revanche, qui eut pensé que cette même anguille et ce sable eussent fait bonne figure dans l'arsenal d'un meurtrier ?
Oui, l'anguille est (était) une arme. Mais, attention, elle demande une préparation particulière : il faut en conserver la peau – uniquement, avant d'y insérer du sable, voire de la terre. Et vous voilà une matraque molle entre les mains, un matraque capable de faire frémir les plus gaillards.

On dit que ceux qui en subissent les coups « se font sabler ». Et, si ces derniers ne présentent aucune blessure visible, leurs lésions internes en sont souvent irréversibles et ils ne s'en relèvent généralement pas. Alors gare à l'anguillade !

téléchargez ici le dossier consacré à l'anguille comme arme du crime

L'arme du crime, acte trois - l'âge du bois


n° 40 - avril 2019

[le galant chassé à coups de canne], gravure de Reinier Vinkeles, Amsterdam, 1787. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-OB-65.374.Lorsqu'en 1767, madame Baup traite sa fille de service « de drôlesse et lui dit que si elle étoit sa fille elle lui donneroit cent coups de bâtons », se doute-t-elle déjà que le lendemain la malheureuse domestique se ferait effectivement rosser à coups de canne par le précepteur des enfants de la famille ?
Le bâton et la canne se révèlent être les armes les plus courantes et commodes pour agresser, corriger et se défendre.
La canne s'impose en ville alors que le bâton règne sans partage dans les faubourgs et surtout la campagne. Quant à la toucadoure des charretiers, elle se trouve partout où les mènent leurs convois, que ce soit dans les embarras des rues ou au bord des chemins.
Le bâton se décline aussi en de nombreuses variantes, pas toujours aisées à définir précisément. Mais peu importe, en fin de compte, qu'il s'agisse de triques ou de tricots, de barres ou de bûches, l'important reste toujours de rosser son adversaire.
Cannes et bâtons sont aussi souvent brandis comme de terribles menaces : l'évoquer simplement, voire l'agiter devant un adversaire suffit à le faire trembler. Et, si toutefois il n'en a cure... gare au retour de bâton !


téléchargez ici le dossier consacré au bâton et à la canne

L'arme du crime, acte second - martel en tête


n° 39 - mars 2019

"Le Vulcain de l'Opéra" gravure de Robert Bonnart (détail), fin XVIIe siècle. Bibliothèque nationale de France, RESERVE FOL-QB-201 (71).Loin de la mythologie scandinave ou des prouesses guerrières des anciens, le marteau a retrouvé un rang d'outil pacifique.
Dans les ateliers toulousains de l'Ancien Régime, il frappe et façonne le métal, il sert à enfoncer les clous et les coins, à attendrir le cuir.

Pourtant, lorsque la menace point et qu'un danger se fait sentir, lorsque la colère gagne, le marteau retrouve soudain un peu de son lustre d'antan et sert d'abord à menacer l'adversaire.
Malheur à lui si l'outil redevenu arme n'est pas seulement brandi mais qu'il se met à frapper réellement. Le moindre coup se révèle alors potentiellement fatal et les crânes ne résistent pas souvent à la violence du choc.

Lointain cousin du marteau, le maillet du jeu de mail s'invite lui aussi à la fête et peut se montrer un formidable instrument de terreur entre les mains des mauvais perdants ou des joueurs trop sanguins.

téléchargez ici le dossier sur le marteau comme arme du crime

L'arme du crime, acte premier


n° 38 - février 2019

Dans un premier volet – d'une série de cinq consacrée à l'arme du crime, il convient de prime abord de faire un état sommaire des armes, outils ou ustensiles, mais encore des objets et matériaux les plus divers au service de la violence à la fin de l'Ancien Régime.
Qu'utilise-t-on pour menacer, puis pour frapper son adversaire ? Les armes sont-elles les mêmes dans les rues de la ville, que dans les vertes prairies de son gardiage ou en bord de Garonne ?
La richesse des sources nous a aussi permis d'aller à la rencontre de nombreuses femmes « armées ». Quelques pages leurs sont exclusivement consacrées, nous laissant en contemplation devant toutes celles qui s'équipent lorsqu'elles veulent corriger une voisine ou tenir tête à un homme – et le rosser comme il se doit.

téléchargez ici le dossier sur l'état des lieux des armes du crime

Par le trou de la serrure


n° 37 - janvier 2019

Pamela verdeelt haar kleren in drie bundels. Gravure d'Antoine Benoist, d'après Joseph Highmore (c. 1731-1770). Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1953-632En 1702, lorsque Barthélemy Rech qui était tapi entre deux lits de sa chambre, surgit soudain, sabres aux poings, sa femme, l'amant et une jeune participante à la fête s'égaient prestement et fuient le bras vengeur du mari cocu. Certes, peu d'entre nous se sont jamais cachés sous un lit pour surprendre une épouse ou un mari adultère ; mais, qui n'a jamais écouté discrètement aux portes et qui n'a jamais observé une scène quelconque, dissimulé derrière un rideau.

Les procédures criminelles nous entraînent nécessairement dans un monde où les langues se délient, où les gestes et pratiques des uns sont scrutés par les autres, et où, lorsque l'on est assigné comme témoin, l'on n'hésite plus à avouer sans vergogne que l'on a épié ce voisin depuis sa fenêtre, mais encore à travers les fentes et trous des cloisons ou du plancher. D'autres accordent même volontiers avoir eux-mêmes ménagé ces observatoires de fortune.

Sans but avéré ni plan annoncé, ce dossier nous entraîne dans une intimité réelle ou supposée et (r)éveille en nous des penchants voyeurs que la morale réprouverait s'ils n'étaient présentés sous le sceau de la recherche historique.

téléchargez ici le dossier consacré à ceux qui épient, espionnent ou reluquent

Premiers soins et derniers secours


n° 36 - décembre 2018

[les soins : la pose de l'appareil]. Gravure par Vincent Laurensz. van der Vinne (II). Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-OB-62.353 (détail)Qu'il s'agisse d'un simple accident ou d'une agression provoquée par un tiers, peu de blessés et victimes sont retrouvés par les magistrats, gisant encore sur le lieu précis de l'incident. Quant aux corps morts, lorsque la justice arrive enfin, il n'est pas rare qu'elle constate que le cadavre ait déjà été déplacé.
Il faut donc nécessairement que ces personnes aient trouvé quelque force afin de rejoindre un asile ou bien qu'elles aient été secourues par quelque âme charitable.

Ce sont bien ces âmes charitables que nous allons nous efforcer de suivre dans le présent dossier. Des individus dont les archives n'ont pas toujours conservé les noms, des passants émus de pitié, probablement démunis devant la douleur ou les plaies béantes de celui ou celle qui se trouve sur leurs pas, mais qui improvisent et tentent par quelques gestes à apaiser, à rassurer, voire à sauver.

Si les fomentations à l'eau de vie et les bandages de fortune restent l'essentiel des soins avant que l'on transporte les blessés chez un chirurgien, on découvrira que certains de ces infirmiers improvisés maîtrisent parfaitement les premiers soins. Le rôle des femmes sera aussi évoqué, car ces dernières apparaissent clairement comme étant bien plus réactives et habiles que les hommes dans de tels  moments dictés par l'urgence.
Enfin, une petite partie sera aussi consacrée aux secours spirituels administrés aux mourants ou à ceux... déjà morts !

téléchargez ici le dossier complet sur les premiers soins

Les pigeons de la discorde


n° 35 - novembre 2018

[Tête de Diane à la colombe]. Gravure de Gilles Demarteau l'aîné, graveur du Roi, d'après François Boucher (entre 1756 et 1776). Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1918-2045.On pourrait se demander ce que viennent faire les pigeons au milieu de très sérieuses procédures criminelles.

Le volatile est pourtant souvent au cœur de nombre d'affaires car, ne l'oublions pas, il est avant tout élevé pour sa chair. Dès lors, le pigeon en devient un objet de convoitise : on va le voler dans son panier ou le piéger près du pigeonnier.
Mais le pigeon est aussi une source de nuisances, et le voisinage n'apprécie guère les raids dévastateurs dans les champs ni les déjections incontrôlées de l'animal. Quelques coups de fusils peuvent certes régler le problème, mais surtout en créer de nouveaux avec le propriétaire des pigeons.

Enfin, sous l'Ancien Régime, le pigeon reste un formidable appât ; en effet, qui saurait résister à un pigeon à la broche ? Les jeunes filles naïves s'y laissent prendre, pour se retrouver ensuite dans des situations scabreuses.

téléchargez ici le dossier complet sur les pigeons

Pris au corps : l'arrestation


n° 34 - octobre 2018

Au nom du roi, je vous arrête !

Ainsi s'exprime le comte de Rochefort lorsqu'il veut appréhender d'Artagnan. Mais ces paroles et les gestes qui sont décrits dans le célèbre roman d'Alexandre Dumas font-ils écho à une réalité ? Reflètent-ils vraiment la pratique de l'arrestation ?[L'arrestation] Détail d'une gravure en tête d'une feuille satirique néerlandaise en vers, relative à la faillite de Law. Auteur inconnu, 1720. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-OB-83.617.

En s'appuyant sur de nombreux cas d'arrestations conduites à Toulouse et dans ses environs, ce dossier s'intéresse aux différents acteurs des captures, aux techniques mises en place afin d'approcher discrètement les accusés, aux moyens disponibles pour les appréhender et les restreindre, puis les mener en prison en toute sécurité.
Qu'il s'agisse d'arrestations faites en flagrant-délit ou de celles ordonnées par les capitouls au moyen d'un décret de prise de corps, ces opérations donnent évidemment lieu à des actes de résistance, d'abord de la part du prisonnier qui s'y refuse, puis des badauds lorsqu'ils prennent le parti de « la victime » qu'on veut emmener. Et là : malheur au guet ou à l'huissier, qui deviennent à leur tour une proie pour la foule déchaînée.

téléchargez ici le dossier complet sur l'arrestation

 

La grande évasion


n° 33 - septembre 2018

[L'évasion de François de Vendôme, duc de Beaufort, en 1648] Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-1896-A-19368-1695

Au gré d'une cinquantaine d'évasions des prisons de l'hôtel de ville, réussies ou pas, nous suivrons dans leur quête de liberté tant les prisonniers civils (pour dettes) que criminels (délits divers et crimes), ceux mis aux fers, que ceux qui jouissent d'une semi liberté dans les prisons.
La plupart y sont poussés par le désespoir, la misère et l'ennui, certains s'y engagent à la lueur d'une opportunité inespérée.
À chacun sa méthode : on y trouvera autant de cas où la ruse prime, que de ceux où un peu de brusquerie et des accès de violence s'avèrent nécessaires.
À chacun ses outils, et rien ne semble résister à la volonté et l'ingéniosité des uns et des autres : avec une simple cheville de fer, des brèches s'ouvrent dans les murs, les couteaux-scie font céder planchers et plafonds, les cordes et draps noués permettent de jouer les filles de l'air.
À chacun sa voie : les plus agiles sautent de toits en toits, et les plus désespérés s'engagent dans les conduits des latrines, avec souvent une issue qui leur est fatale !

Enfin, si les évasions ne sont généralement pas quotidiennes, nous verrons pourtant que l'année 1766 fut particulièrement faste pour les candidats à la liberté des prisons de la ville, mais aussi ceux enfermés au sénéchal, sans oublier les 41 évadés de la conciergerie (prisons du parlement).

évadez-vous et téléchargez ici le dossier sur les évasions des prisons

Le cordonnier, la femme et son amant


n° 32 - août 2018

Tout commence par quelques frôlements entre une femme mariée et son vague cousin par alliance. Une punaise qui se promène sur la peau de l'être désiré et que l'on enlève délicatement...  "The Elopement, or Lovers Stratagem Defeated", mezzotinte colorisée à la main, auteur anonyme, publiée chez Carington Bowles à Londres, 1785. British Museum, inv. n° 1935,0522.1.181.Il n'en faut pas plus pour cet épouillage sensuel amène à un premier baiser.
Mais le mari veille au grain, et le soupirant est vite chassé de la maison. Qu'importe, ceux qui se considèrent désormais comme des amants vont comploter pour éloigner le gêneur et profiter de cette absence provoquée pour s'embarquer sur le canal royal, non sans omettre d'emporter tout le mobilier et les effets qui se trouvent dans la maison.
Or, le mari ne l'entend pas de cette oreille ! Tel un fin limier, il remue ciel et terre, questionne autour de lui les portefaix, les bateliers, les rouliers. Rapidement, il parvient à retrouver la trace des fugueurs, ce qui l'emmène jusqu'à Toulouse où il les surprend finalement au lit et les fait arrêter incontinent.
La ténacité du mari aura porté ses fruits : François Valette pourra s'en retourner à Carcassonne avec la satisfaction d'avoir récupéré ses meubles ; quant à son épouse, il n'en n'a plus que faire : elle sera enfermée au quartier des femmes débauchées de l'hôpital de la Grave pour y faire pénitence !

téléchargez ici la procédure criminelle de l'été (août)

 

Le mari vertueux et la souillon de cabaret


n° 31 - juillet 2018

Une servante d'auberge engrossée, et un malheureux commerçant de passage dénoncé comme étant l'auteur de cette faute."A Bed-warmer", gravure par Thomas Rowlandson, c. 1785. National Gallery of Art, Washington (U.S.A.), inv. n° 1945.5.223, Rosenwald Collection. - à noter que le document est toutefois signé en bas et à droite "H. Wigstead, del[ineavi]t et fecit" -

Pensez-vous ! De telles "souillons de cabaret", lubriques par nature, se livrent sans retenue au premier venu et accusent ensuite qui leur chante. Et puis, l'homme est marié, ce qui implique donc qu'il est "vertueux" par nature ; ainsi, il ne peut nullement avoir commis une telle faute.

Sauf que voilà : les capitouls connaissent un peu la vie ; et, lorsqu'ils réalisent que l'homme est descendu dans l'auberge sous un nom d'emprunt, ils ne doutent plus que Castelnau, alias Louis Belaval, soit effectivement l'auteur de cette grossesse. D'autant plus que ce dernier, décidément bien mal avisé, va s'enferrer tout seul en présentant une défense aussi naïve que cocasse, mais surtout déplorable.

Justice sera rendue, certainement au grand étonnement du "vertueux" Belaval.

téléchargez ici la procédure criminelle de l'été (juillet)

 

Autopsie d'un criminel


n° 30 - juin 2018

Une leçon d'anatomie. Gravure anonyme, 18e siècle. Wellcome Library, inv. n° 32456i.Lorsque médecins et chirurgiens on besoin d'un sujet pour conduire leurs expériences ou leurs leçons d'anatomie, quoi de plus indiqué que le corps d'un condamné à mort.
Bien entendu, on choisira un pendu, de préférence à un roué vif, ce dernier étant par nature assez démembré et donc inutilisable.
S'appuyant en majeure partie sur les Mémoires de Pierre Barthès et sur le fonds des procédures criminelles des capitouls, ce dossier nous entraîne entre 1721 et 1786, à la recherche de ces patients malgré eux, à leur mode de sélection (car tous ne sont pas élus) et à leur destination finale : l'Amphithéâtre d'anatomie ou l'université de Médecine.
Ce véritable catalogue des criminels au service de la science sera suivi d'une courte évocation du body snatching, pratique qui consiste à déterrer et voler des cadavres pour des utilisations diverses.

L'annexe, quant-à elle offre la narration d'une mésaventure plaisante : celle d'une vivisection manquée par des étudiants en médecine décidément très facétieux.

Le fac-similé, très court cette fois, présente deux étudiants en médecine venus se plaindre d'avoir été copieusement insultés et menacés par une mère et ses filles, logeant près de l'université. N'ayez crainte, il y a bien un cadavre à proximité...

téléchargez ici le dossier sur la dissection des criminels pendus

Les fourches patibulaires


n° 13 - janvier 2017

On les appelle salades à Toulouse, gibets (celui de Montfaucon reste le plus célèbre), fourches patibulaires et encore ailleurs simplement les Justices. De nos jours, ces lieux dédiés à l'exposition du corps des suppliciés nourrissent une certaine part de fantasme où se mêle sans doute de l'effroi.[trois pendus], bois gravé extrait de "Le Grant testament Villon et le petit", de François Villon, éd. à Paris chez Pierre Levet, 1489. Bibliothèque nationale de France, Res Ye 245/Microfilm R 727 (détail de la fig. folio g iii).

Encore remarquablement présents dans la toponymie, en France comme dans l'Europe entière, les fourches patibulaires attirent désormais le regard des chercheurs de nombreuses disciplines.

Celles de Toulouse, au nombre de deux, étaient situées : l'une au sud (la salade de Saint-Roch) et l'autre au nord (la salade des Minimes). Elles étaient destinées à "donner de la terreur aux méchants", en laissant là se décomposer les corps des pendus et de ceux rompus lors du supplice de la roue. Elles servaient à envoyer un signal fort à l'ensemble des justiciables. Mais, petit à petit, les mentalités changèrent et on se mit à les prendre en aversion, jusqu'à finalement les démolir à la toute fin de l'Ancien Régime.

Le dossier téléchargeable ci-dessous s'intéresse d'abord à ces sites en tant que constructions spécifiques et leur place dans le paysage toulousain. Il s'interroge ensuite sur le devenir des corps des suppliciés exposés aux éléments et à la vue de tous. Enfin, nous pourrons assister à certaines pratiques liées aux fourches, révélatrices de croyances solidement ancrées tant dans la culture juridique que populaire du 16e au 18e siècle.

téléchargez ici le dossier complet sur les fourches patibulaires

La comédie interrompue


n° 12 - décembre 2016

Depuis son inauguration en 1737, le théâtre du Capitole est devenu la salle officielle des spectacles donnés à Toulouse, éclipsant ainsi l'ancien opéra du Pré Montardy (ce dernier sera la proie des flammes en 1748, avant de renaître pour être reconverti en salle de concert).[La Comédie française, vue d'intérieur], aquarelle, par Antoine Meunier, [18e siècle], Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Réserve FOL-VE-53 (G).
Désormais située dans l'enceinte même de l'hôtel de ville, la surveillance de la salle et de ses abords est ainsi accrue par la proximité immédiate des capitouls, du poste de garde et des prisons de la ville.

Les troubles au spectacle rapportés dans les verbaux de la justice des capitouls nous permettent de pénétrer dans ce lieu et nous permettent de découvrir un parterre souvent bruyant : sifflets, huées, interruptions des représentations sont monnaie courante. La fougue de certains peut même avoir des conséquences tragiques, comme en 1738, lorsque le jeune Pordéac trouve la mort en s'opposant à l'arrestation d'un camarade. On assiste même à quelques spectaculaires frondes du public, orchestrées par les étudiants.

Si les capitouls et leur main-forte ont quelquefois fort à faire pour calmer les ardeurs du public, ils doivent aussi prendre en compte les écarts des acteurs : entre les contrats non honorés qui laissent le directeur dans l'incapacité de présenter son programme, les querelles d'ego entre comédiens (quelquefois sanglantes), les insultes faites au public et les scandales causés par certaines actrices, la gestion des troupes de spectacle peut s'avérer délicate.

téléchargez ici le dossier complet sur les troubles au spectacle

Au bonheur des chirurgiens


n° 11 - novembre 2016

Accident, coups de bâton ou d'épée, rixe, bagarre rangée, meurtre crapuleux...Interior with a surgeon operating on a man's back, par Gerrit Lundens. Huile sur panneau de bois, XVIIe siècle. Wellcome Library, Londres, no. 44996i (détail)

Depuis la simple bosse, la griffure d'ongles, jusqu'à la plaie ouverte, sans oublier le cadavre qu'il faut examiner (puis éventuellement autopsier), plaignants et magistrats font appel à un chirurgien pour décrire les plaies et en juger des causes, prodiguer des soins si nécessaire, mais aussi prévoir les conséquences possibles des blessures. En outre, s'il y a lieu, il estimera le temps nécessaire à la guérison et les moyens d'y parvenir.
Les interventions de cet homme de l'art sont toujours suivies de la rédaction d'un verbal et/ou d'une relation d'expertise, ensuite remis aux magistrats et joints à la procédure.
Quelques docteurs en médecine viennent aussi participer à la fête, principalement comme co-experts lors d'autopsies. On notera aussi dans les pièces des procès la présence de certificats délivrés par des sage-femmes et, dans certains cas, le témoignage d'opérateurs ou rebouteux, ou autres ayant prodigués les premiers soins.

Le billet s'intéresse aux compétences des uns et des autres, ainsi qu'aux limites de leur action dans le déroulement des procédures criminelles. Quant au fac-similé, il reproduit et trancrit l'intégralité des pièces "médico-légales" conservées au sein des procédures instruites par les capitouls tout au long de l'année 1761.

téléchargez ici le dossier complet sur les chirurgiens et la justice

Haro sur la maquerelle !


n° 10 - octobre 2016

Trois circonstances sont nécessaires pour faire d'une suspecte une maquerelle convaincue : en premier lieu, avoir favorisé la débauche et prostitution de jeunes femmes ; puis d'en avoir retiré un bénéficeCartel destiné à la punition d'une maquerelle. Placard imprimé sur papier (34 × 44 cm), 14 juillet 1775. Ville de Toulouse, Archives municipales, AA 306/65. financier ou en nature ; enfin, les juges auront reconnu que la maquerelle, par son commerce, aura été la cause de graves troubles à l'ordre public (allées et venues d'hommes à toute heure du jour et de la nuit, cris, rixes devant sa porte, etc.).

Condamnées, les maquerelles doivent subir certaines peines infamantes, voire afflictives. Celles qui leur sont spécifiquement réservées sont sans nul doute les plus originales et semblent, à certains égards, plus proches des anciens rites populaires que des châtiments traditionnels. À Toulouse, les coupables sont mouillées ou trempées, c'est à dire placées dans une cage que l'on trempe par trois fois dans la Garonne. Ce supplice non mortel, dit de la Gabio, fait place vers 1760 à celui de l'asinade, qui consiste en une course ou promenade infamante de la maquerelle à travers les rues de la ville, coiffée d'un couvre chef grotesque, juchée sur une ânesse, la tête tournée vers la queue de l'animal.
Leur peine ne se limite toutefois pas à ces "spectacles", qui n'en sont qu'une simple composante, car les maquerelles sont ensuite bien souvent exposées au pilori, fustigées, bannies de la ville ou enfermées (à vie ou à temps) au quartier de force de l'hôpital de la Grave pour y demeurer en pénitence.

téléchargez ici le dossier complet sur la punition des maquerelles

Le temps des maquerelles


n° 9 - septembre 2016

Depuis la suppression du bordel public (connu sous les noms successifs de Grande abbaye, Château Vert et Public) en 1550, la prostitution toulousaine, pour répondre à la demande de la clientèle, a été contrainte de se développer différemment et d'investir d'autres lieux. Mais elle devenait désormais illégale, tolérée dans le meilleur des cas, punie sévèrement la plupart du temps.Ruffiana venetiana [maquerelle vénitienne], in "Recueil de costumes étrangers...", ancienne collection J.-J. Boissard, 1581. Bibliothèque nationale de France, OB-26-4 (détail, folio 6)

Au XVIIIe siècle, les procédures criminelles abondent en actions menées contre les prostituées, mais la justice des capitouls préfère, lorsqu'elle le peut, concentrer ses efforts en la poursuite des maquerelles, ces femmes honnies qui incitent non seulement les jeunes filles à la débauche en leur procurant clients et lieux de rencontre, mais encore perçoivent ou exigent une partie du gain de ces amours éphémères.

À partir de ces sources judiciaires, en ignorant à dessein l'aspect illégal et les conséquences judiciaires dont sont passibles de telles femmes, ce billet nous entraîne à la découverte du quotidien de ces entremetteuses.

C'est au fil des dénonces, enquêtes sommaires, cahiers d'inquisition et interrogatoires que la maquerelle nous apparaît dans les divers aspects de son commerce des corps : elle se montre tout d'abord séductrice et rusée pour attirer à elle des filles jeunes, mais aussi menaçante afin de les faire plier à ses volontés et celles des hommes. Puis, la maquerelle doit aussi être capable de satisfaire aux besoins et caprices de sa clientèle, non seulement en leur présentant des filles agréables, saines et dociles, mais encore en organisant les goûters et soupers qui accompagnent invariablement les ébats. Enfin, la maquerelle doit faire preuve d'une vigilance extrême, autant afin d'échapper à la justice sous la menace de laquelle elle vit constamment, que pour contrôler les allées et venues des clients qui hantent son logis ou attendent impatiemment devant sa porte.

téléchargez ici le dossier complet sur les maquerelles