Arcanes, la lettre


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archives ou de ressources en ligne. Ainsi, des thèmes aussi variés que la mode, la chanson, le cinéma, le feu sont abordés...

FETE


février 2024

DANS LES ARCANES DE


Supporters agenais dans les rues de Toulouse à l’occasion de la finale du championnat de France de rugby à XV entre Agen et Dax le 22 mai 1966, négatif N&B, 6 x 6 cm. André Cros - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 53Fi7667.

Teuf teuf !


février 2024
« Tiens tout a changé ce matin. Je n’y comprends rien. C’est la fêêête ! La fêêêêêête !» Eh oui, Michel ! Tu as cent pour cent raison, le 150e numéro d’ Arcanes mérite célébration. Et pour tout dire, j’ai bien envie, comme toi, d’enfiler une combinaison en satin rouge à col pelle à tarte, de me laisser pousser les cheveux et la barbe, pour danser et chanter au beau milieu d’un Big Bazar. Car il faut bien le reconnaître, la situation mondiale n’est pas au beau fixe. Honorons donc la newsletter des Archives comme il se doit. Et, même si depuis sa création en 2008, elle commence à avoir quelques kilomètres au compteur, on pourrait la comparer à ces vieux tacots customisés en roadsters dans les années 1950 par des ados en mal de sensations : un peu foutraques, assez amusants et coutumiers de la sortie de route. 
Mais empruntons d’abord l’autoroute de la jaille avec notre fête nationale que le publiciste Marius Bergé s’est plu à photographier durant l’entre-deux-guerres. Entre défilé militaire et compétition halieutique, courses hippiques et joutes sétoises, une mère n’y retrouverait pas ses petits, et pour cause, ils sont au concours de bébés organisé à cette occasion.
Nous vous inviterons ensuite à faire une pause sur l’aire « Corpus corporis » où, dans une ambiance moderne – pour ne pas dire d’Ancien Régime –, notre équipe vous fera découvrir les constats de chirurgiens réalisés à l’occasion d’affaires judiciaires.
Avant de repartir, si vous le souhaitez, vous serez briefés sur les règles à respecter pour conserver vos archives dans les meilleures conditions par notre responsable des fonds privés. Attention, tout contrevenant pourrait voir son don ou dépôt refusé.
La prochaine sortie vous mènera sur le chemin des écoliers, ou plutôt des écoles toulousaines, notamment celles réalisées dans les années 1920-1930 par l’architecte de la ville, Jean Montariol. D’aucuns pensent que le savoir est une fête, lui a fait entrer les salles des fêtes dans les établissements scolaires.
Votre paisible escapade pourra continuer à moins d’être interrompue par un défilé de bergers landais à échasses, ou de catalans dansant la Sardane. Vous serez alors tombé en plein Fénétra, manifestation folklorique locale qui pourrait trouver son origine, si l’on en croit des découvertes archéologiques, dans un culte funéraire.
Et votre grand tour s’achèvera en atteignant le Graal : les archives d’ Arcanes. D’un seul clic vous aurez accès aux thématiques les plus improbables, aux jeux de mots les plus éculés et aux éditos les plus capillotractés. De quoi, nous l’espérons, vous donner envie de continuer le voyage avec nous.

ZOOM SUR


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[14 juillet - Défilé des pêcheurs]. Cliché Marius Bergé - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 85Fi1861.

Un certain sens de la fête


février 2024

Deux hommes – l'un muni d'une épuisette, un filet de pêche autour du cou, l'autre affublé d'un étonnant costume – encadrent un petit chien déguisé posant, sous une ombrelle, en équilibre sur une bicyclette. Une représentation de l'absurde ou de la fête, qui prend parfois un tour déraisonnable, extravagant. On notera l'air malicieux du personnage de droite et les sourires de ceux qui assistent à la scène, à l'arrière-plan. Sa casquette vissée sur la tête, le personnage de gauche essaye quant à lui de garder son sérieux, le temps de la photo s'entend. Sans élément de contexte, que dire de cette image sinon qu'elle illustre un certain sens de la fête ? 
Nos fonds iconographiques comprennent de nombreux clichés réalisés lors de cérémonies, banquets, foires, bals populaires, cavalcades et carnavals… qui nous offrent un témoignage unique de la façon de faire la fête, de célébrer et de commémorer les événements à Toulouse au fil du temps. Cette photographie extraite d'un reportage du photographe et homme de presse, Marius Bergé, montrant comment se déroulaient les festivités du 14 juillet dans les années 1920, n'en fait pas exception. Pendant l'entre-deux-guerres, la célébration de la Fête nationale donnait lieu à l'organisation de toute une série de manifestations : à la traditionnelle revue des troupes pouvaient ainsi succéder des Joutes Cettoises ou des régates sur la Garonne, des courses hippiques ou taurines, une fête de gymnastique, l'arrivée d'un critérium cycliste, un concours de bébés et voitures fleuries au Grand-Rond. Mais ce n'est pas tout.
L'image que nous vous présentons a été prise en marge du fameux concours de pêche initié alors sur les bords du Canal, chaque 14 juillet, par la Société des pêcheurs à la ligne de la Haute-Garonne. Concours qui était précédé d'un défilé costumé – et en musique – lors duquel les pescofis ou pêcheurs toulousains rivalisaient d'originalité. « Les pêcheurs à la ligne ont eu leur journée le 14 juillet » rapportait Le Cri de Toulouse du 28 juillet 1923. « Ils n'ont pas pris la Bastille… mais dans le canal de Brienne, une quantité notable de poissons. 800 lanciers avaient bravé une journée torride pour pincer un chevesne ou un barbillon, voire même un coup de soleil. »

DANS LES FONDS DE


"Ventouse donnée à Ragotin", planche gravée [entre 1705 et 1772] d'après Jean-Baptiste Oudry, d'une série illustrant des scènes du Roman Comique de Scarron. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-OB-71.706.

Fai(te)s-moi mal Johnny Johnny...


février 2024

Après l’atelier « Champs Troubles » du 3 février dernier – où les participants se sont penchés sur les déboires de Nicolas Ramondis, ce pauvre jardinier de Matabiau qui n’a pas vraiment été à la fête en 1741-1742 –, la prochaine session des Samedis des Archives est programmée pour le 2 mars prochain. Ça s'appelle « Corpus corporis » et ça va faire mal – Johnny ou pas !
Cette matinée sera exclusivement consacrée aux plaies et aux bosses sous l'Ancien Régime. En solo ou en duo, chacun des participants va pouvoir travailler sur de nombreux verbaux (certificats) de chirurgiens décrivant les maux de leurs contemporains qu'ils viennent panser après une rixe ou un accident. Transcrire il faudra, certes, mais cela nécessitera ensuite d'adapter l'information pour la restituer en la cartographiant sur le corps1. Ceux qui le souhaitent pourront aussi se frotter à des relations d'autopsie.
De la narration de simples ecchymoses pour le moins malheureuses de ces victimes, à l'écriture froide et précise des autopsies, voilà un programme alléchant qui réjouira petits et grands.
Ces trois heures intensives seront ponctuées de temps plus légers :
- on proposera une sélection de plaintes où les victimes racontent la violence subie et les maux engendrés, elle sera à comparer aux verbaux de chirurgiens correspondants, avec de drôles de surprises en perspective, on l'imagine ;
- on parlera des soins adaptés à toutes les blessures. Évidemment, il sera beaucoup question de saignée, mais pas exclusivement. On évoquera même cette importance capitale accordée au poumon de mouton ou au pigeon dans des cas bien spécifiques ;
- le chirurgien Bagnéris sera mis à l'honneur, pas tant pour ses compétences médicales que pour son dédain affiché pour toute forme d'orthographe connue. Transcrire le moindre de ses certificats relève du casse-tête linguistico-phonétique ; nous nous y essayerons tout de même ;
- enfin, en avant-première, vous aurez droit à une présentation de la version beta de « Corpus Corporis », un module actuellement en cours d'élaboration qui viendra enrichir Urbanhist.

Rendez-vous vite sur l'espace presse de notre site pour réserver vos places.

1- Nous ne fournirons pas de corps, juste des schémas - à remplir.

LES COULISSES


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Acte manuscrit sur parchemin. Cliché Clara Javierre - Mairie de Toulouse, Archives municipales, Z non coté.

Faites attention à vos archives !


février 2024

Ce mois-ci, nous fêtons notre 150e numéro d'Arcanes. L'occasion pour nous de vous parler de VOS archives ! En effet, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel, nous produisons tous des archives, mais si vous souhaitez un jour nous les confier, il est important de veiller à leur bonne conservation.
Il arrive ainsi que certains documents soient entreposés dans des garages, des caves ou des greniers, où menacent infiltrations d'eau, rongeurs et moisissures. Dans ces conditions, leur pérennité n’est pas assurée. L’état de conservation de vos archives est un critère important de décision pour leur prise en charge par nos services. En cas de dégradation, une restauration peut parfois être envisagée mais demande alors beaucoup de temps et d'investissements.

Si toutes ces questions vous préoccupent, notre archiviste des fonds privés est là pour vous conseiller. Comment stocker au mieux ses archives ? Quel matériel de conditionnement utiliser ? Et même, quels documents conserver ? Vous pouvez retrouver son adresse mail directement sur le site des Archives municipales ou bien appeler directement l'accueil qui vous dirigera vers elle.
Alors, pour que la fête soit plus belle, faites attention à vos archives !

DANS MA RUE


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Salle des fêtes de Jules-Julien, négatif n&b, Jean Montariol, 1933. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 57Fi113.

Écoles et salles des fêtes


février 2024
Entre 1925 et 1935, sous l'impulsion du maire Étienne Billières, la ville de Toulouse met en place une politique volontariste d'embellissements et de constructions dont le moteur est la modernisation des infrastructures et des équipements communaux. Parallèlement à l'important programme des habitations à bon marché qu'elle subventionne, la municipalité engage la construction d'installations sociales, sanitaires, scolaires et culturelles.
Sont alors bâtis quinze groupes scolaires, six bains-douches, cinq fourneaux économiques, trente kiosques, une bourse du travail, un parc des sports et une bibliothèque municipale. L'ensemble de ces réalisations est pour la plupart signé de l'architecte de la ville, Jean Montariol.
Dans le cas de trois groupes scolaires, une salle des fêtes a également été aménagée permettant de développer les activités post-scolaires et d'offrir aux habitants des quartiers un lieu de rencontres et de réunions. Plan d'ensemble du groupe scolaire de Fontaine-Lestang, négatif n&b, Jean Montariol, 1931. Mairie de Toulouse, Archives municipales, 57Fi103.
Traités comme des éléments de prestige, ces édifices, tout en présentant des caractéristiques communes, sont différents. A Jules-Julien et Ernest-Renan, bâtis respectivement en 1933 et 1935, les bâtiments isolés sont en retrait par rapport à la rue et précédés d’une esplanade plantée. La salle des fêtes s'ouvre sur une façade monumentale très classique, à trois travées centrales, accessibles en rez-de-chaussée par un grand escalier de quelques marches et soulignées à l'étage par un balcon. Les éléments de décors sont très présents : ferronnerie des portes et du balcon, frise en mosaïque à Jules-Julien et reliefs sculptés à Ernest-Renan. 
La salle des fêtes du groupe scolaire de Fontaine-Lestang, plus tardive (1940), diffère de par son implantation et son style architectural plus sobre. Élément de liaison entre les deux groupes scolaires, elle présente une façade toujours organisée symétriquement où le rythme vertical est accentué par la large casquette en béton protégeant l'entrée.
Ces édifices, restés des lieux de rencontre, accueillent aujourd'hui un théâtre à Jules-Julien, un centre culturel à Ernest-Renan et un gymnase à Fontaine-Lestang.

SOUS LES PAVÉS


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Inscription funéraire romaine trouvée au quartier du Férétra à Toulouse, Lavalée graveur, publiée en 1782 par Jean-François de Montégut dans le premier tome de "l'Histoire et Mémoires de l'Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse".

Férétra(ïque) : fête et antique


février 2024
Comme chaque année, va se dérouler, au mois de juillet, le grand Fénétra, manifestation dédiée aux danses et musiques traditionnelles. Cet évènement est l'écho d'anciennes fêtes religieuses dont l'origine se trouverait au quartier du Férétra, à la sortie sud de Toulouse. Vous remarquerez que la graphie est un peu flottante, d'autant plus que l'on trouve aussi au Moyen Âge les variantes Félétra ou Falétra. Mais c'est surtout la forme Férétra qui a intéressé les érudits car, en la comparant avec le mot latin feretrum, qui désigne un lit mortuaire, ils ont pu imaginer un pedigree antique, sous la forme de cérémonies en l'honneur des morts.
Ce fut l'hypothèse de Jean-François de Montégut qui, en 1782, présenta comme preuve la découverte d'une inscription funéraire romaine dans ce quartier, dont nous vous présentons le dessin. Ainsi ces fêtes « férétraïques » témoigneraient de la présence d'une nécropole durant l'Antiquité. Ceci n'a d'ailleurs rien d'étonnant : les villes romaines implantaient leurs cimetières dans leur proche banlieue, notamment le long des routes.

EN LIGNE


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Toulouse. Eldorado. Skating-concert. 150 allée de Barcelone, vers 1910. Personnages posant en patins à roulettes sur la piste de skating, vue d'ensemble. Carte postale N&B, 9 x 14 cm - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 9Fi5331 (détail).

Une bonne occasion de faire la fête


février 2024
Pour paraphraser le slogan d'une célèbre marque automobile française à propos d'un de ses modèles phares, on pourrait dire de cette newsletter que c'est « un sacré numéro ! ». Nous n'en sommes cependant qu'à la 150e édition ; ils nous en manque encore 55 pour tenir véritablement la comparaison. Mais au rythme où vont les choses, on peut raisonnablement espérer y arriver dans cinq ans et vous compter parmi nous dans cette aventure… Alors célébrons dès maintenant les 16 ans d'existence de cette collection de petits billets mensuels (autrefois bimestriels) et réjouissons-nous d'y trouver de quoi titiller notre curiosité.

Quelles que soient vos rubriques préférées, sachez que vous pouvez accéder depuis notre site internet aux anciens articles parus dans Arcanes. Il vous suffit de remonter le fil des publications ou de tenter votre chance avec un outil de recherche (comme le raccourci clavier CTRL+F), et tous les contenus inimitables jamais publiés par une joyeuse bande d'hurluberlus adeptes des archives et du patrimoine sont désormais à votre portée : éditos, zoom sur, dans les fonds, les coulisses, dans ma rue, sous les pavés ou en ligne, tout est là. Vous n'avez plus qu'à vous lancer !

Parlant de çà (et de faire la fête), j'irai bien tester la piste de skating de l'Eldorado, en écoutant jouer l'orchestre… pas vous ? Allez, rendez-vous au 150 (un nombre décidément d'actualité) allées de Barcelone : mettez vos plus beaux atours, chaussez vos plus beaux patins, on n'attend plus que vous !