ARCANES, la lettre

Dans les fonds de


Chaque mois, l'équipe des Archives s'exerce à traiter un sujet à partir de documents d'archive ou de ressources en ligne. Retrouvez ici une petite compilation des articles de la rubrique "Dans les fonds de", dédiée à la présentation de documents issus de nos fonds.

DANS LES FONDS DE


Livre des proxénètes, 1756-1790. Mairie de Toulouse, Archives municipales, HH 97, folio 1. Registre dans lequel sont enregistrées les prestations de serment des proxénètes devant les capitouls, jurant de faire leur métier en Dieu et conscience.

Catin, une femme hors du commun ?


mars 2025

Catin naît le 12 décembre 1737 et on lui donne les prénoms de Élisabeth-Catherine. Bien trop long, elle, gardera seulement Catherine, puis Catin.

De nos jours peu peuvent se targuer de connaître Catin. Aucune rue de la ville, aucun rond-point ou parc ne porte son nom, elle n'a pas eu les honneurs d'un tunnelier du métro, et son nom n'est pas inscrit en lettres d'or à l'entrée d’un amphi de l'université ou d'une salle d'audience du tribunal. Ça viendra peut-être.

Mais qui est donc Catin ?

Au travers des archives, on la suit épisodiquement jusqu'en l'An III du calendrier révolutionnaire. Une femme en apparence très ordinaire. D'abord couturière, elle va ensuite se spécialiser et exercer le métier de proxénète1. Là encore rien de remarquable direz-vous.

À l'âge de 21 ans elle tombe enceinte (notons qu'elle a su l'être 8 jours à peine après le premier rapport, ce n'est pas banal), mais Sabin, le galant qui lui avait promis mariage, s'enfuit le jour de la signature du contrat de mariage chez le notaire. La tuile ! Pourtant Catin ne baisse pas les bras et va aller de l'avant, elle élève seule sa fille (ce qui est rare à cette époque), et se marie avec un autre quelques années plus tard. Preuve que le statut de fille-mère n'est pas complètement rédhibitoire.

Nous aurions du mal à décrire Catin au physique (en 1779 où nous apprenons qu'elle est « une grosse femme »), il sera peut-être plus aisé de parler de ses qualités principales : Catin se distingue particulièrement par son verbe. Coloré voire ordurier lorsqu'il s'agit d'invectiver ou d'insulter, et d'un flot ininterrompu lorsqu'elle doit répondre devant les magistrats des actes à elle imputés. Ses mots sont quelquefois teintés d'un soupçon d'impertinence quand elle est interrogée, et saupoudrés d'un humour ou d'une malice qui doivent la rendre redoutable pour ses adversaires lors de joutes verbales. Nous l'entendons aussi chanter en une occasion, mais ceci n'est certainement pas pour les oreilles des enfants2.

Mais c'est en 1787, au détour d'une procédure de justice des capitouls que Catin apparaît en pleine lumière de façon surprenante. Là, elle est officiellement chargée du contrôle du corps des proxénètes, et c'est à ce titre qu'elle rédige ce qui reste – à ce jour – le premier procès-verbal dressé par une femme à Toulouse. Procès-verbal contre une revendeuse trouvée en fraude, sur lequel les capitouls vont s'appuyer afin de poursuivre la contrevenante. Le fait de pouvoir dresser un procès-verbal est une remarquable avancée et ce seul fait devrait permettre de (re)questionner la place des femmes dans le monde du travail et dans la société Toulousaine à la fin de l'Ancien Régime.

Pensez-donc, une femme qui dresse un procès-verbal ! On aurait vite fait de brandir Catin comme un drapeau, de l'élever en défenseuse des droits des femmes, de traiter d'égal à égal avec les hommes, voire de faire entendre sa voix et de briguer des places lors de la Révolution.

Non, Catin n'est pas féministe (le mot n'existe pas encore de toute façon), ne se mettra jamais au-devant de la scène. Ce qui finalement n'est pas plus mal car on frémit à ce qui aurait pu arriver si elle avait percé, particulièrement lorsqu'en prairial de l'An III on l'entend hurler depuis sa fenêtre « qu'il faut guillotiner tous les prêtres parce qu'ils sont la cause que le pain est si cher ». Certes, c'était dans l'air du temps. Mais le lendemain elle traite deux de ses voisines de « putin des prêtres » et annonce à l'une son intention « de lui ouvrir le ventre avec un couteau, la menaçant toujours de lui faire casser les bras par ses garçons ».

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1. Attention, à Toulouse sous l'Ancien Régime, une proxénète ne fournit pas les mêmes prestations que de nos jours ; il s’agit d’un métier fort honorable et surtout essentiel, entre la friperie et la trocante.
2. En 1778, elle chante à pleine voix une chanson « où il étoit question de coqu (sic) couyoul, cornard ».

"Een mislukt duel" [un duel raté-avorté]. Feuille avec douze scénettes légendées représentant Hannibal van Hazenburg qui parvient à éviter un duel avec le comte de Sabelslang. Lithographie en couleur par G. J. (monogramme), publiée chez Gordinne , Liège, entre 1984 et 1959. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° RP-P-OB-203.485 (détail d'une des vignettes).

Le soufflet, ce n’est pas que du vent


février 2025

Au sein de la multiplicité des agressions physiques, le soufflet tient le haut du pavé. Nous avons déjà recensé 208 cas dans les procédures criminelles des capitouls rien que pour la décennie 1760 et 1769. Certes, au regard des magistrats le soufflet reste généralement qualifié de simple voie de fait (et non pas d'excès), mais ce geste a aussi la capacité de porter une atteinte mortelle à l'honneur du récipiendaire, surtout lorsqu'il est donné en public.

Soufflets en famille
Un soir de juillet 1780, au vu de l'heure tarde, Jeanne-Roze Cruzel, cabaretière à l'île de Tounis refuse de servir du vin au nommé Lama. S'ensuivent des cris, des menaces et des insultes de la part du Lama fâché et frustré. Arrive le mari de Jeanne-Roze. Là, « entendant que sa femme était menacée des soufflets, [il] demanda avec empressement qui est-ce qui la menaçoit de soufflets ; et sa femme ayant fait quelque difficulté de lui dire de quoi il s'agissoit, en reçut elle-même un de son mari ». Cela fait, le mari déclare « que Lama étoit bien hardi de venir menacer sa femme de soufflet » et s'empresse de venger l'honneur de sa bien-aimée en fracassant une bouteille sur la tête de Lama1. Les épouses peuvent, elles-aussi, avoir la main leste à l'exemple de Louise Capblanc qui, « comme une furie, traita son mary de f... gueux, f... manan, luy donna des soufflets en luy disant, en jurant de se tenir sur ses gardes »2

Le droit et le soufflet 
En 1727, les jeunes Lavedan et Coste s'apprêtent à suivre une procession de pénitents en qualité de sacristains, mais une querelle avec des inconnus fait que le premier reçoit d'abord « un souflet à tour de bras, dont il tomba presque évanouy. Et sur le moment, le même homme donna deux souflets aussi de toute sa force, aud. Coste ». Leurs pères respectifs portent plainte devant la justice et n'omettent pas d'y préciser que les soufflets « sont les excès les plus graves que l'on puisse recevoir »3. Un soir d'août 1769, prenant le frais devant la porte de son logis le cuisinier Pradel, est hélé par son voisin Labonne qui le menace de soufflets et « de suitte, l'effait suivit la menace. Et non contant de luy avoir donné ce soufflait, sur les plaintes du supp[lian]t, led. Labonne luy en donna un second qui fut plus fort que le premier et luy dit que s'il resonnoit il redoubleroit la doze ». Dans sa plainte le souffleté va rappeler aux magistrats qu'il lui importe « de faire punir led. Labonne suivant la rig[u]eur des loix et que les soufflaits méritent punition exemplaire »4. Sentiment partagé par Jacques Jougla, lui aussi souffleté quelques années plus tôt, qui rappelle dans sa plainte « qu'il n'y a rien dans le monde de si flétrissant qu'un soufflet et qu'une telle insulte ne sauroit être trop punie puisque du temps des Romains un homme qui donnoit un soufflet à un autre étoit puny de mort »5.

La force du soufflet
La demoiselle Bonnet et la demoiselle Baylac étaient amies. Las, c'est bien fini et leur rencontre en mars 1777 tourne au règlement de comptes lorsque la première, « par derrière et par le coup le plus traître, elle donna [...] un soufflet du revers de la main sy fort qu'elle luy fit seigner la bouche », tellement que la Bonnet se vantera « que la main lui faisoit encore mal tant elle avoit donné le soufflet fort »6. Cette même année, le cordonnier Poiriès n'y va pas de main morte, puisqu'après avoir appliqué deux soufflets à Roze Gironis, un témoin indique que celle-ci « avoit ses joues rouges comme du feu, et le déposant aperçeut sur ses dites joues les empr[e]intes des doigts »7.
 
Mortel le soufflet ?
En septembre 1761, par trop de curiosité, Joseph Tremouil reçoit un soufflet si violent qu'il en « tomba à terre couvert de son sang, sans parolle ni mouvement, et qu'il fut regardé pendant quatre ou cinq heures comme un agonisant ». Que l'on se rassure, il va mieux8
En revanche, Mathieu Codaute n'a pas eu cette chance. En juillet un seul soufflet, un « rude soufflet » selon certains témoins (mais ils se rétracteront, « ne sachant pas s'il fut rude ou pas ») et voilà Codaute qui tient le lit pendant un mois et demi avant de rendre son dernier souffle. Ça vous surprend ? Découvrez toute l'affaire sur le module Meurtres à la carte d'Urbanhist.

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1. FF 824/6, procédure # 106, du 31 juillet 1780.
2. FF 818/4, procédure # 073, du 8 juin 1774.
3. FF 771/1, procédure # 033, du 14 juin 1727.
4. FF 813/6, procédure # 142, du 4 août 1769.
5. FF 809/4, procédure # 070, du 17 mai 1765.
6. FF 821/2, procédure # 040, du 13 mars 1777.
7. FF 821/5, procédure # 105, du 16 juin 1777.
8. FF 805/5, procédure # 150, du 27 septembre 1761.

Exécution de Hans Spiess, condamné à être roué vif pour le meurtre de sa femme, 1503. Enluminure de la Chronique de Diebold Schilling, 1513. Korporation Luzern, ms. S-23-fol, p. 439 (détail).

La roue de l’infortune


janvier 2025

La roue. Voilà un supplice oublié qui, pour ceux peu familiers avec la chose, laisserait presque à penser qu'il comprend une certaine part de hasard, comme si une fois ou un tour sur deux, sur trois, quatre… le condamné pouvait tomber sur un numéro chanceux et ainsi s'en sortir.
Que nenni, la roue, organe du bras armé de la Justice, n'est pas la roue de la fortune, ni la roulette russe, encore moins tournez manège, loin s'en faut.
D'ailleurs, la plupart du temps elle n'est pas une roue du tout. Ah ? Mais alors, comment fonctionne la roue si ce n'en est pas une ?

Bien, à Toulouse – et ailleurs dans les bonnes villes du royaume –, le condamné1 se voit attaché les bras et jambes écartés sur une croix de saint André posée au sol ou sur une estrade. Là, l'exécuteur de la haute justice va d'abord le rouer de coups avec une barre de métal. Mais, attention, pas n'importe comment, car c'est un travail de professionnel. Il faut donner un certain nombre de coups sur des parties bien précises du corps du malheureux afin de lui briser les membres, tout en lui garantissant la vie (pour le moment). Une fois cela achevé, le bourreau va détacher son patient pour installer le moribond à la vue de tous, sur une roue présentée à l'horizontale et fixée sur un axe. Et voilà enfin la roue. Là, notre condamné va agoniser jusqu'à son dernier souffle, et ça peut durer très longtemps2. Mais dans sa grande bénévolence, la Justice peut quelquefois signifier un retentum, c'est-à-dire un ordre secret, connu du seul bourreau, qui pourra ainsi mettre fin aux souffrances du condamné en l'étranglant discrètement. Le retentum précise quand opérer ce geste, quelquefois avant même de briser les membres ou bien généralement après deux heures d'exposition sur la roue, comme ce fut le cas pour Jean Calas.

On oublie que le supplice de la roue peut aussi être une tâche périlleuse pour le bourreau. Citons par exemple l'exécuteur de la ville, Mathieu Bouyrou, qui faillit perdre la vie le 9 mars 1745. Après avoir cassé les jambes et les bras de son client « et l'avoir mis sur la roue, luy-même s'étant mis sur le prévenu pour l'attacher, le bouton de la roue qui étoit pourri s'étant ouvert tout à coup, la roue tombant à terre, entraîna par sa chute le bourreau et le prévenu sur le pavé. L'exécuteur se démit le bras »3. En 1769, Varenne fils, « bourreau bouillant, jeune et sanguinaire »4 rate totalement sa première exécution publique et bâcle le travail en écrasant le visage du patient au lieu de lui briser le bras gauche. Évidemment « le murmure fut général dans la place, tout le monde fut indigné d'un coup aussy peu réfléchi, et les messieurs fâchés autant qu'on peut l'être firent mettre ce bourreau en prison après l'avoir réprimandé comme il le méritait, avec déffense de ne plus y retomber ». Or, l'on sait que Varennes fils, déjà en roue libre dès son jeune âge, choisira bientôt la voie du crime et finira mal. Pour le bourreau aussi la roue tourne.

Finissons en évoquant les inconditionnels de la roue que sont indéniablement nos cousins les Germains et nos voisins les Helvètes ; eux préféraient utiliser la roue comme instrument de battage, ce qui était drôlement fort et qui demandait à leurs exécuteurs une habileté hors du commun comme l'illustration ci-contre le démontre.

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1 - Cette peine est exclusivement réservée aux hommes ; elle est généralement décidée pour ceux qui ont commis des crimes aux circonstances considérées comme particulièrement ignobles.
2 - À notre connaissance le record de « longévité » est tenu par un condamné supplicié à Paris : 48 heures avant son dernier râle ou soupir.
3 - Mémoires manuscrites de Pierre Barthès ; 9 mars 1745 : « Exécution terrible et cas extraordinaire ». B.M.T., Ms. 699, p. 185-186.
4 - Mémoires manuscrites de Pierre Barthès ; 31 juillet 1769 : « Homme rompu vif ». B.M.T., Ms. 704, p. 109-110.

[squelette agenouillé] Gravure de/ ou d'après Jacques Gamelin. Planche extraite du "Nouveau recueil d'ostéologie et de myologie, dessiné d'après nature", publié à Toulouse chez Desclassan, 1779. Wellcome Collection, London, inv. n° 569733i.

Du commun au sacrum


décembre 2024

Pas pire ou probablement pas mieux que nous, nos aïeux avaient tous en eux quelque chose de sacré. Quand on y touchait il risquait d'y avoir un os, et cela pouvait faire bien mal, gêner, voire empêcher tout mouvement.
Avec l'os sacrum, nous touchons en effet le sanctum sanctorum. Voyez Bertrand Sentous, racher de son état, ou radger (bref, il est radelier), basé au port Garaud. Et ce matin du 8 août 1710, il y a bagarre. Un coup d'arpette sur les reins lui laisse une vilaine « equimose ou contusion sur la vertèbre supérieure de l'os sacrum, de la largeur de deux travers de doit »1. Et le chirurgien qui le soigne de déclarer que la « susdite blesseure empeschant la souplesse des muscles[s] des lombes, ce qui peut empescher aussi le blessé de ce courber pour travailler jusqu'à la dissolution du sang épanché(s) ». En d'autres termes, Bertrand est au repos forcé pour huit jours.
En 1755, Raymonde Aubaret, veuve d'un sculpteur a des mots avec un colocataire. De verbe au geste il n'y a qu'un pas et elle reçoit un coup qui l'étend au sol. Le chirurgien qui vient la voir note qu'elle se plaint « d'une grande douleur à l'extrémité inférieure de l'épine, vers l'os sacrom »2 ; après l'avoir examinée, il lui trouve « une rougeur qui n'étoit pas bien considérable ». Cependant, ajoute-t-il, « elle ne pouvoir pas supporter que j'y touchasse sans ressantir de vives douleurs ». Cinq ans plus tard, c'est Simon Prohenque qui se fait ausculter après une rixe. Le chirurgien trouve « une contusion de la grandeur de la paulme de l[a] main sur l'os sacrom »3, le saigne illico et estime que le patient pourra être guéri « dans quizaine, sauf autres accidents qui pouroit ce déclarer, jusqu'au soisentième jour ». Il est vrai qu'outre le sacrum, Prohenques a aussi été cabossé à la tête. 

Et ceux qui ont pris de la hauteur et qui ne s'intéressent guère au commun des mortels, pourront se délecter à la lecture de la « Description des ossemens du glorieux St Emond, martir, roy d'Engleterre, qui feurent tr[o]uvés dans son sépulchre à la voûte des corps saincts de l'église St Sernin le 16e juillet 1644 »4. La chronique des Annales manuscrites des capitouls y consacre quelques pages5. Nous livrons le squelette en l'état afin que les sceptiques puissent s'assurer qu'il n'y a pas eu mélange ou fraude avec un côte ou un fémur de trop.

De toute façon, l'important pour nous aujourd'hui est de retrouver le sacrum :
- la teste toute entière avec trois dents de la mâchoire supérieure,
- la mâchoiere inférieure avec sept dents,
- cinquante pièces des costes, faisans les vingt-quatre,
- la partie supérieure de l'os sternum,
- autre grande pièce de l'os esternum,
- deux clavicules,
- l'os sacrum,
- les deux os cleon avec le pubis,
- six pièces d'os faisans les homoplates,
- deux os dits humérus,
- un os de l'avant-bras dit cubitus, quasi entier,
- autre os dit cubitus, d'un demi-pied de long,
- un os dit radieus, coupé,
- huit os des métacarpes, 
- trante os des phalanges des doits des deux mains,
- les deux os des cuisses, dits fémurs, 
- les deux os des jambes, dits fémurs, 
- les deux os des jambes dits tibias 
- les deux autres os des jambes, dits rayons ou peronné ou fibula,
- les deux os dits rotula, ou pateles des genous,
- quatorse os des tarsses de deux pieds, sçavoier deux caléanes, deux caboïdes, deux astragales, deux naviculaires, et les six anonimes,
- dix os aussy anonimes,
- vingt huit os des phalanges des orteils.

À y être, on en profita aussi pour faire l'inventaire d'autres reliques. Ainsi parmi les ossements de saint Symphorien et saint Castor, se trouve « l'os sacrum avec le coccis » ; nous ne saurons précisément auquel des deux saints cet os fondamental appartenait. Plus compliqué encore, la caisse qui contenait les saints Clavele, Nicostrat et Simplicien : là, pêle-mêle dans un monceau d'osselets, gisent un os sacrum entier, les fragments d'un autre, et enfin un troisième en quatre morceaux.
Ceux qui voudraient invoquer tel saint en particulier risquent de tomber sur un os ; ils ont une chance sur deux, voire sur trois, d'invoquer le bon sacrum.

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1. FF 754/3, procédure # 039, du 8 août 1710.
2. FF 799/4, procédure # 124, du 28 juin 1755.
3. FF 804/1, procédure # 018, du 28 janvier 1760.
4. L'élévation de ses reliques avait été décidée 14 ans plus tôt, alors que le corps de ville avait invoqué l'assistance dudit Saint-Edmond afin de sauver la ville ravagée par la peste ; cela a donné lieu à de grandioses célébrations narrées par le menu dans la chronique de cette année 1644.
5. BB 279, chronique 316, année 1644, p. 376-377.