Les archéologues d’aujourd’hui sont les héritiers des antiquaires d’autrefois qui étaient, avant tout, des numismates. Ils possédaient donc une collection de monnaies anciennes appelée médaillier, terme qui désigne aussi par extension le meuble qui sert à les conserver. Celui-ci est composé de plateaux en bois montés en tiroirs et divisés en cases. Ils sont de plus couverts de feutre. La raison ? C’est assurément plus joli et cela minimise les frottements. Isoler les pièces du bois peut probablement aussi éviter une altération, surtout pour les monnaies en bronze sujettes à l’oxydation.
Le bruit court qu’une société savante de notre région aurait mis au rebus, il y a quelques années à l’occasion de la réorganisation de ses locaux, un vieux meuble-médaillier devenu trop encombrant. On aurait évidemment pris soin de le vider au préalable, mais on ne fut peut-être pas assez prudent. En effet, plusieurs monnaies dissimulées, qui avaient glissé inopinément sous le feutre déchiré et décollé par endroits, auraient pu alors être jetées. Désolante histoire que l’on préfèrerait imaginaire. Mais si quelqu’un pouvait témoigner de sa véracité, cela voudrait dire que ces monnaies n’auraient pas été perdues pour tout le monde… À l’occasion d’un prochain récolement de sa collection numismatique, cette société pourrait alors indiquer dans son inventaire, à propos des pièces disparues, non pas la classique mention « non retrouvée » mais plutôt « disparue dans le feutré ».
Dans l’illustration que nous présentons, il est difficile de distinguer, faute de couleurs, le feutre qui garnissait les tiroirs du médaillier. Son auteur, Franz Ertinger, n’est pas étranger à notre ville. Il a gravé plusieurs scènes de l’histoire de Toulouse, commandées par les Capitouls en 1683 et dessinées par Raymond Lafage.