Les archéologues découvrent parfois les vestiges d’une cave plus petite que d’habitude. Puis on s’aperçoit qu’elle est remplie d’un sédiment plus fin que d’habitude. On réalise alors qu’il s’agit d’une fosse de latrines et que sa fouille, à moins d’être spécialiste des parasites intestinaux, va être quelque peu fastidieuse. Heureusement, on y déniche parfois quelques objets. En général des monnaies qui, à force de baisser son pantalon, ont fini par glisser de sa poche et tomber dans le trou. En dehors de ces structures particulières, on retrouve aussi souvent, dans des milieux du 18e siècle ou postérieurs, des latrines portatives, c’est-à-dire des pots de chambre. Le fragment qui illustre cette note a été recueilli lors d’une intervention menée dans l’hôtel Saint-Jean de Toulouse en 1998. Il se caractérise par une base très large pour limiter le risque de renversement. Et il s’agit d’une faïence stannifère, c’est-à-dire d’une poterie recouverte d’un vernis opaque à base d’étain offrant de nombreux avantages : épais, il empêchait la pâte de s’imprégner de mauvaises odeurs ; clair, il permettait de cartographier aisément les zones bombardées ; lisse, il assurait un nettoyage aisé.
Si l’on s’intéresse plus au geste qu’à ses conséquences, certaines sculptures ou peintures montrent, dès le Moyen Âge, des personnages cul nu. Pourtant il est souvent difficile de savoir s’il s’agit d’une simple posture de provocation, d’un dégagement gazeux en cours ou d’une livraison imminente d’un colis. Mais une découverte exceptionnelle attend les archéologues de notre région : celle du squelette d’un individu « mort en selles », pour ainsi dire. Un registre conservé dans nos archives municipales, contient une chronique de faits mémorables advenus aux 16e et 17e siècles. On y apprend qu’en 1597, un soldat participant au pillage d’une église en Espagne s’accroupit et fit ses besoins sur une image de la Vierge qu’il avait jetée à terre1. Mais il ne put jamais se relever, instantanément et définitivement figé dans cette position délicate par la vengeance divine. Il réussit néanmoins à revenir, sûrement très péniblement, en France mais décéda peu après, probablement de honte.
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1- Livre des criées de Mathieu Micheau, BB 153, f° 82-82v.