L'image du moi(s)
Chaque mois, petit billet d'humeur et d'humour à partir d'images conservées aux Archives. Forcément décalé !
On le sait peu, mais la première version de notre drapeau national a été adoptée par la Convention le 15 février 1794. Il s'agissait alors du pavillon de la Marine de guerre française « bleu au mât, blanc au centre, et rouge flottant ». Il devint le drapeau national de France pour la première fois en 1812. La légende veut que ce soit le grand peintre David qui en ait réalisé les travaux préparatoires. Si vous voulez mon avis, à l'instar de Salvador Dali vantant les qualités d'une marque de chocolat, il a fait des trucs mieux dans sa carrière.
De toute façon maintenant, c'est trop tard, on ne peut plus changer, ou alors il faudrait faire une nouvelle révolution, et un étendard national, si laid soit-il, semble un motif bien futile pour entamer un grand chambardement. Par ailleurs, il y a quelque chose de vraiment vexant en matière de vexillologie, c'est le culot des Néerlandais. David ne s'est peut être pas foulé en 1794 mais alors eux ils ont juste fait pivoter notre drapeau de 90 degrés. Et voilà, le tour est joué. On frôle le casus belli !!! C'est vrai qu'elle pourrait être plus belle notre bannière, n'empêche que c'est la nôtre !
S'il faut en venir à la guerre, comment faire l'impasse sur la propagande patriotique qui a usé et abusé de l'étendard tricolore. Cette carte postale éditée à Toulouse durant le conflit 1914-1918 et signée par Jan Metteix, en est un bon exemple. Avec cette singularité d'un prosélytisme ésotérique où le message, au lieu d'être mis en évidence, est dissimulé. Bon, il faut reconnaître que ça ne vole pas très haut : « Merde pour le roi de Prusse ». C'est à peu près du niveau de la cour de récréation. Ah ! c'est sûr que si les Allemands avaient pu déchiffrer ce message, ils auraient été bien attrapés ! Mais reconnaissez qu'on ne leur a pas facilité la tâche ; non seulement c'est écrit en français, mais en plus à l'envers. Ils sont probablement passé à côté, occupés qu'ils étaient à monter la garde au milieu d'un plat de choucroute en tenant un chapelet de saucisses à la main.
Il paraît que Les mois d'avril sont meurtriers ; les statistiques, elles, affirment qu'il s'agirait plutôt des mois de janvier. Ainsi, comme titré ci-dessus, nombre de nos aînées ne voient malheureusement jamais venir la fin de l'hiver. Je voudrait parler ici de l'une d'elle qui, bien que disparue, est toujours présente dans mes pensées : ma grand-mère personnelle.
Pour une raison qui m'échappe la première image qui me vient à l'esprit en l'évoquant, c'est une silhouette frêle, enveloppée dans un manteau, marchant dans la rue par temps pluvieux, un cabas à roulette à la main. Sur la tête, elle porte un curieux foulard-capuche en plastique transparent. Il est difficile de comprendre l'engouement que ce type de coiffe a suscité dans la seconde moitié du 20e siècle, tant il s'avère disgracieux. Certes, je conçois que l'on souhaite se protéger des intempéries, mais pourquoi utiliser un vêtement transparent ? Pour que l'on puisse admirer une mise en pli ou mini vague sous vide ? Cela reste pour moi un mystère.
Je l'imagine donc, attifée de la sorte, au mois de mars 1964, aller faire ses courses au magasin Printafix de la rue d'Alsace-Lorraine où elle avait ses habitudes. Je me figure sa surprise en voyant la rue entièrement bloquée par des camions de pompiers et la fumée s'échapper des fenêtre des établissements « Au Printemps » où elle faisait ses emplettes de tissu. Il faut dire qu'en ce 11 mars 1964, le Printemps avait pris feu et ne verrait, lui aussi, jamais venir la fin de l'hiver.